Apocalypse Now ?
Vivons-nous la fin des temps décrits dans la Bible ? L'éclairage d'Alexandre Men et Maxime Egger.
Epidémies, guerres, calamités naturelles, dissolution des moeurs, abandon de la spiritualité, culte de la matière, excès et démesure des empires décadents, l’air du temps semble résonner des trompettes du Jugement Dernier.
Les récits eschatologiques de la Bible et en particulier l’Apocalypse de Jean tourmentent régulièrement les esprits en période de grandes difficultés.
Les visions retransmises par Jean de Patmos il y a près de 2000 ans sont-elles des prophéties sur des évènements à venir ou une révélation sur le sens profond de l’Histoire ?
Faut-il chercher à déchiffrer les symboles et les allégories du genre apocalyptique afin d’y déceler des clés pour prédire l’avenir ?
Faut-il au contraire dépasser cette approche réaliste pour découvrir la révélation mystique et intemporelle de l’oeuvre ?
“Au fil de l’Apocalypse” Cerf, 2003 d’ Alexandre Men (1935-1990) avec une postface de Maxime Egger nous éclaire sur un récit souvent jugé obscur et hermétique.
En voici un extrait.
"Un livre actuel.
Actuel, l'Apocalypse l'est donc plus que jamais par sa dénonciation virulente du totalitarisme dont il révèle la monstruosité, sa critique d'un monde où l'existence humaine se réduit à l'ordre politique et économique, sa démystification de toutes les formes de pouvoir et de richesse révélées dans leur caractère éphémère, futile et illusoire. Actuels le sont également les martyrs et fidèles qui ne s'inclinent pas devant l'empereur, qui résistent à la tyrannie, qui refusent la violence et le mal au nom de leur conviction morale, qui manifestent cette capacité de l'homme – clé de sa dignité - à dire non, à ne pas se laisser duper par les sirènes de l'idéologie ou de la publicité.
« Pensée des temps malheureux », l'Apocalypse est donc aussi - dans la veine de la prophétie vétérotestamentaire – une « littérature de résistance» qui garde toute sa pertinence. Le livre appelle à la patience dans la souffrance, à la persévérance dans les épreuves, à la constance dans la lutte contre le mal, à la fidélité dans l'accomplissement des commandements de l'Évangile. Il affirme qu'il est possible d'habiter le monde d'une autre manière. A l'heure où des millions de citoyens se mobilisent pour un « autre monde », il montre - comme en contrepoint - qu'il est une autre réalité que politique et économique, une autre identité que citoyenne, un autre registre (le Livre de vie) ou inscrire son nom une autre cité que la polis des hommes, un autre langage que celui de la raison.A la différence de la plupart des alternatives et contestations d'hier et d'aujourd'hui, cet « autre » et cet « autrement » dont l' Apocalypse témoigne est fondé spirituellement et ouvre sur l'au-delà de lui-même, une transcendance. Là aussi, il doit nous interpeller.
Cette double perspective, paradoxale, à la fois historique et métahistorique, intemporelle et actuelle, nous aide à appréhender les symboles dont l'Apocalypse regorge. D'une part, tout en participant de l'imagerie propre à une certaine tradition biblique et apocalyptique, ils sont - pour une partie d'entre eux - déterminés par l'époque. Ainsi, la grande montagne en feu (Ap 8, 8) n'est certainement pas sans lien avec l'éruption du Vésuve en 79, la nuée des sauterelles (Ap 9, 4-10) évoque sans doute les attaques des Parthes contre les Romains. D'autre part, ces symboles sont trop riches dans leur puissance suggestive pour être réduits aux circonstances précises et aux réalités historiques auxquelles ils font référence. Leur signification est plus large, plus profonde, souvent plurielle comme le montre la femme (Ap 12) qui peut représenter aussi bien Israël donnant naissance au Messie que l'Église et ses enfants poussés au désert, la fiancée de l'Agneau ou encore la nouvelle Jérusalem descendant des cieux.
Le père Alexandre le dit bien : « Le plus important, dans l'Apocalypse, ne tient pas aux symboles eux-mêmes, mais à leur signification cachée, c'est-à-dire à ce que le Voyant a voulu nous dire de ce qui lui était révélé. » Cette réalité mystique et transcendante qui est dévoilée, ce monde céleste, invisible et proprement indicible auquel Jean de Patmos a soudain accès, ne peut être traduit en concepts humains, encore moins faire l'objet d'une connaissance rationnelle. Ils dépassent notre entendement les capacités de notre langage. Le Voyant ne peut donc essayer de les exprimer que par un langage poétique, des symboles, des images et métaphores - forcément imparfaites - qu'il emprunte d'ailleurs aux apocalypses juives et aux liturgies de l'Église primitive.
Cela nous amène au sens profond de l'Apocalypse. Le titre lui-même, du grec Apokalypsis, n'a rien à voir avec l'usage courant du mot aujourd'hui. Il ne signifie pas « fin du monde », mais « révélation ». Ou, mieux encore et littéralement: « dévoilement ».
Jean de Patmos est « ravi en esprit » (Ap 1, 10) le jour du Seigneur, saisi par l'Esprit. Le ciel « s'ouvre » pour lui, et il « voit » l'invisible, ce qui d'habitude est caché à la vision normale, ce qu'il y a derrière le voile des apparences, au-delà du monde sensible : en haut (le trône de Dieu sur un océan de cristal) et en bas (les enfers, l'abîme où Satan sera jeté à la fin des temps).
« Dans un monde qui n'accepte que ce qu'il voit, entend et touche, l'Apocalypse est l'ultime porche scripturaire vers ce que l'oeil n'a pas vu, ni l’oreille entendu ».
L' Apocalypse, à travers les visions de Jean, nous révèle fondamentalement trois choses : les entrailles de l'histoire et du monde, leur sens profond et ultime, leur au-delà eschatologique.”
Pour Alexandre Men, l’Apocalypse était le livre le plus lumineux du Nouveau Testament en raison de son message d’espérance et de conclure son ouvrage ainsi :
Pour résumer la thèse essentielle de l'eschatologie chrétienne, il faut vivre comme si le Jugement dernier allait advenir demain et œuvrer comme si nous avions l'éternité devant nous. ll ne faut donc pas remettre à plus tard l'œuvre de notre salut: « Veillez et priez », nous enseigne l'Évangile. Pour autant, il ne faut pas brûler les étapes ni essayer d'imposer au Seigneur notre volonté. Faisons sa volonté avec joie et patience.
En résonance, extrait de la préface d’Arnaud Desjardins au livre de Jean Marchal, L’Apocalypse de Jean, Le Relié, 1987. ''…en quoi l'Apocalypse est-elle le miroir des crises que traverse un être humain, crises qui peuvent le conduire de la destruction du "vieil homme" à la transformation intérieure ? Les premiers Pères chrétiens interprétaient l'Exode comme le schéma d'une aventure intérieure : Moïse est en nous, le Pharaon est en nous, tout comme les sept plaies de l'Égypte et la traversée du désert... De même les épreuves décrites par l'Apocalypse existent d'abord en nous. La décision de se libérer se trouve en nous, toujours. Nous avons à notre disposition tout ce qu'il faut pour détruire et nous détruire mais aussi tout ce qu'il faut pour détruire nos propres mécanismes aberrants, jusqu'à retrouver en nous la Jérusalem céleste.''
C'est le livre le plus important la bible. Le dernier livre des Révélations, nous prépare à ce qui vient. Dieu nous a donné tout pour se préparer. J'ai acheté une bible après un violent accident où je suis revenue, apres réanimation, avec de l'Amour immense en moi. Soyons forts en Christ et aidons les gens autour de nous.