Enquête d'une commission nationale citoyenne sur la crise sanitaire
Entretien avec Philippe Meloni
Philippe Meloni est le président pour le Québec de la Commission d’enquête nationale citoyenne (CeNC) sur la gestion de la pandémie de COVID-19.
Pourquoi une telle commission a-t-elle été créé ?
La commission a été créée par des citoyens et certaines personnalités comme Preston Manning en raison de l’absence de réponses du gouvernement sur la gestion de la crise sanitaire. Craignant des conflits d’intérêts de la part des institutions, les citoyens ont pris les devants et ont organisé une commission d’enquête aussi sérieuse que la commission Charbonneau par exemple.
La commission a été organisée à travers le Canada dans 8 villes. Les auditions ont duré en général trois jours et les participants sont venus témoigner sous serment.
Quel a été le processus de l’enquête ?
L'objectif était de discuter, d'analyser les outils et les méthodes qui ont été mis en place dans le traitement de la crise de la Covid-19 à travers les témoignages des parties prenantes. La commission a été organisée à travers le Canada dans 8 villes. Les auditions ont duré en général trois jours et les participants sont venus témoigner sous serment. Nous étions dans le cadre d'une commission d'enquête formelle avec pour seule différence que nous ne pouvions pas faire d’assignations à comparaître. Nous pouvions inviter les gens à venir, mais nous ne pouvions pas les forcer. Nous avons invité tous les acteurs de la crise.
Qui a témoigné durant les audiences ?
Nous avons eu des chercheurs, des médecins, des professeurs et plusieurs grands spécialistes internationaux ainsi que des citoyens qui ont vécu des effets secondaires des injections.
Nous avons recueilli en tout plus de 350 témoignages (295 citoyens et 94 experts) au niveau national.
Ces dernières ont toutes été questionnées en amont par des médecins grâce à la collaboration de Réinfo Québec afin de s'assurer qu'il y avait un lien entre leurs problèmes et les injections.
Nous avons également eu des personnes qui sont venues témoigner pour d’autres problèmes liés aux conséquences dramatiques de la gestion de cette crise. Comme ne pas pouvoir dire au revoir à des parents en fin de vie, des enfants qui n'ont pas pu voir leur père qui était dans le coma, des gens qui ont perdu leur travail ou leur compagnie. Nous avons recueilli en tout plus de 350 témoignages (295 citoyens et 94 experts) au niveau national.
Les médias étaient-ils invités aux audiences ?
Oui, non seulement les médias ont été invités, mais ils l’ont été officiellement et nous avons gardé les lettres recommandées envoyées. Ils ne se sont pas présentés à l'exception de CBC en Alberta qui est venue faire un reportage qui est encore sur internet et qui a reconnu le sérieux du travail réalisé par la commission.
Les politiques, les responsables des agences de santé et tous ceux impliqués de près ou de loin ont été invités à venir expliquer leur position.
Les politiques, les responsables des agences de santé et tous ceux impliqués de près ou de loin ont été invités à venir expliquer leur position. Ce n'était pas un procès, mais bien une commission d'enquête. Cependant, la plupart, pour ne pas dire la totalité, ont choisi de ne pas venir.
Comment évaluez-vous la mobilisation et l’intérêt du public ?
Je ne peux que remercier mille fois le travail exceptionnel des professionnels et de tous les bénévoles. Sans eux, il n'y aurait pas eu de commission d'enquête nationale citoyenne. Nous sommes financés uniquement par des petits dons de citoyens, il n'y a pas d'aide publique, ce sont vraiment les citoyens qui ont effectué et qui continuent à faire un travail admirable. Comme la retranscription, la traduction et le doublage de plus de 350 témoignages.
Je suis sûr que beaucoup de procédures vont être faites à des coûts bien moindres parce qu'elles vont pouvoir utiliser toute cette matière première.
Certains témoignages sont vraiment déchirants et c’est important qu’une trace soit laissée pour les générations à venir. Dans 100 ans, les historiens vont avoir une matière extraordinaire. D'ici là, les avocats qui veulent faire une procédure vont avoir une importante quantité de données analysées avec les retranscriptions des témoignages sous serment. Cela va faciliter leur travail. Je suis sûr que beaucoup de procédures vont être faites à des coûts bien moindres parce qu'elles vont pouvoir utiliser toute cette matière première.
Concernant l’impact auprès du public en général, les travaux de la commission ont bien été relayés au sein de notre communauté. Plusieurs se sont déplacés et ont écouté ces témoignages exceptionnels. Lorsque l’on écoute trois témoignages complets, n'importe lesquels, on n'est plus la même personne. Donc tous les gens qui étaient au courant ont beaucoup suivi la commission et ont apprécié le travail qui a été fait.
Mais comme les grands médias n'en ont pas parlé, ceux qui ne sont pas dans notre chambre d'écho, la plupart malheureusement, n'en ont pas entendu parler.
Les communications de la commission ont été faites essentiellement par les équipes anglophones. La communauté du Canada anglais a donc été mieux informée. La partie québécoise de la commission s’est ajoutée par la suite. Nous avons concentré nos efforts sur l’organisation des audiences et moins sur la communication. Une erreur que j’assume. Nous avons maintenant un compte X (Twitter) dédié aux francophones avec une diffusion régulière d’informations .
Quelles sont les recommandations de la commission ?
Quand les campagnes de vaccination ont repris, la commission a décidé de présenter 4 recommandations dans un rapport de 16 pages.
Le rapport final établi par les commissaires comptera plusieurs centaines de pages voire des milliers avec les annexes.
Les 4 recommandations sont simples. La première demande que les révisions récemment apportées aux règlements sur les aliments et drogues concernant l'autorisation des vaccins contre la Covid-19 soient annulées. Car elles exemptent de façon permanente les vaccins contre la Covid-19 de l'obligation de prouver objectivement leur sécurité et leur efficacité comme l'exige le règlement sur les aliments et drogues.
Donc on continue à nous dire, et c'est mon commentaire personnel, que ce vaccin est sûr et efficace alors que cela n'a pas été vérifié et ils ont modifié la réglementation pour ne jamais avoir à le faire.
Grâce au travail de la commission, de celui de Réinfo Québec, des associations et des professionnels de la santé qui ont envoyé des lettres au collège des médecins, personne ne pourra prétendre qu'il ne savait pas.
La deuxième recommandation demande l’arrêt immédiat de l'utilisation actuelle des vaccins contre la COVID-19 au Canada qui ont été autorisés en vertu des dispositions révisées de l'arrêté d'urgence et du règlement sur les aliments et drogues récemment révisés.
La troisième demande une enquête judiciaire exhaustive portant sur les processus par lesquels les vaccins contre la Covid-19 ont été autorisés au Canada. La responsabilité criminelle si elle est découverte peut être traitée dans le cadre de la législation canadienne en vigueur.
Enfin, toute la documentation concernant le processus d'autorisation et les informations fournies par les fabricants aux autorités chargées de la réglementation doit être mise à disposition publique.
Les instances gouvernementales ont-elles pris en comptes les recommandations ?
La réponse est non. Nous avons simplement reçu des accusés de réception de la part du Premier ministre, du ministre de la Santé et des autres destinataires.
Comment évaluez-vous l’impact général de la commission au niveau de la société civile ?
Grâce au travail de la commission, de celui de Réinfo Québec, des associations et des professionnels de la santé qui ont envoyé des lettres au collège des médecins, personne ne pourra prétendre qu'il ne savait pas. Nous avons gardé toutes les preuves que l'information leur a été communiquée. Tous les politiques et les responsables ont été informés des actions menées et mis face à leurs responsabilités.
nous avons été contactés par plusieurs pays qui sont intéressés à reproduire notre expérience.
Je pense qu'ils ont trois types d’attitudes actuellement. Il y a ceux qui font comme si de rien n'était en espérant que l’on passe à autre chose et qu’il n’y aura pas de conséquences. Ensuite, il y a ceux qui commencent à dire « excusez-moi, je n'aurais pas dû ». Et puis, il y a une majorité qui se dit « de toute façon puisqu'il faudra payer la facture, autant en tirer le maximum de profits. »
L’Histoire leur donnera raison ou pas.
Existe-t-il des initiatives de ce genre dans d’autres pays?
Il y a eu des démarches qui pourraient être similaires avec des avocats qui ont essayé d'organiser un nouveau procès de Nuremberg et des politiques qui ont tenté des actions, mais à ma connaissance il n’y a pas de commission d’enquête citoyenne comparable à la nôtre.
Cependant nous avons été contactés par plusieurs pays qui sont intéressés à reproduire notre expérience.
Nous sommes confrontés à des adversaires aux moyens immenses. Nous devons tous capitaliser sur les meilleures idées et tenter des actions sans attendre d’avoir la solution parfaite. Nous devons travailler pour le bien commun sans essayer de tirer des avantages pour nous-mêmes ou de conserver la propriété de telle ou telle initiative.
Propos recueillis le 26 octobre 2023.
Site internet de la CeNC et Compte X (Twitter)
Bravo c'est courageux. Le plus dur reste à faire
Le travail de cette commission d'enquête s'inscrit dans le temps long. Pour mesurer son impact véritable, il faudra sans doute quelques années et, à tout le moins, la volonté politique qui n'adviendra qu'à la suite de changements de gouvernement, autant au niveau provincial qu'au niveau fédéral, comme en Alberta avec Danielle Smith. En effet, la nature humaine étant ce qu'elle est, il serait très étonnant que les protagonistes de la gestion de la crise sanitaire soient enclins à admettre la moindre erreur autant au niveau des autorités gouvernementales que des politiciens dont l'unanimité, avec la complicité des médias de grands chemins, donne froid dans le dos.
Ceci dit, la commission a déjà rempli trois rôles essentiels. Premièrement, prêter une oreille attentive aux victimes des mesures sanitaires qui méritent et ont cruellement besoin d'être reconnues. Deuxièmement, offrir une plateforme d'expression aux nombreux experts bâillonnés, qu'on aurait eu intérêt à entendre et dont la parole a tellement fait défaut au cours de cette crise. Et finalement, le devoir de mémoire pour la postérité en compilant une montage de donnés au même endroit, facilement accessible à tous ceux qui ont besoin de documenter pour comprendre ou entreprendre des actions citoyennes de tout acabit.