Libre Média et l'évolution du monde de l'information
Entretien avec Jérôme Blanchet-Gravel.
Jérôme Blanchet-Gravel est le rédacteur en chef de Libre Média, un média francophone indépendant basé au Québec dont la mission fondamentale est de protéger la liberté de presse et d’expression.
Lancé en avril 2022, où en est Libre Média aujourd’hui au niveau éditorial et de son lectorat ?
Il y a encore un appétit assez fort pour les médias indépendants de la part d’une partie de la population déçue par le traitement de l'information durant la crise sanitaire. Les grands médias ont collaboré beaucoup trop étroitement avec les gouvernements et n'ont pas assumé leur rôle de quatrième pouvoir.
Cela dit, le monde du numérique a ses défis. Ainsi notre croissance est en partie freinée par le blocage par Meta de notre page Facebook avec ses 40,000 abonnés suite à la loi C18 du gouvernement fédéral. Mais tous les médias au Canada doivent composer avec cette décision de Meta et nous devrions être gagnants à moyen et long terme parce que le public a de moins en moins de raisons de consulter les grands médias. Nous espérons cependant qu’il n’en sera pas de même pour X (anciennement Twitter).
nous avons un modèle très souple qui nous permet de nous adapter rapidement, contrairement aux grands médias
Le monde moderne est plein de défis et d’imprévus, mais nous avons un modèle très souple qui nous permet de nous adapter rapidement, contrairement aux grands médias qui ont des salles de rédaction complètes, des conventions collectives, des syndicats, etc.
Nous pouvons adapter nos contenus et réagir à l’actualité rapidement comme par exemple lors de l’ovation faite à Ottawa à un ex-nazi où moins de 24 heures après, nous publions un article complet avec un professeur d'université pour nous expliquer la situation.
Sur le plan éditorial, Libre Média garde sa ligne qui est celle de protéger la liberté d'expression dans un monde où elle régresse continuellement.
En ce qui concerne les contenus, depuis février dernier, nous avons développé la vidéo et notre chaîne YouTube avec Francis Denis, un nouveau collaborateur de Libre Média. Nous produisons deux émissions “Les Grandes Entrevues" et "Délit d’opinion” avec Anne-Laure Bonnel, notre correspondante à Paris. Je suis très fier d'avoir lancé un pôle parisien de Libre Média parce que maintenant nous nous adressons vraiment à la francophonie. Le monde francophone est très vaste contrairement à ce que pensent certains au Québec considérant le français comme tribal alors que c’est la troisième langue la plus importante sur Internet.
En termes de lectorat, nous avons environ 70,000 visiteurs uniques par mois sur notre site internet (75% de Québécois, 20 % venant de France, Belgique et Suisse et 5 % d'Afrique francophone). Sur YouTube la proportion est de 50/50 France-Québec.
Organisme indépendant sans subventions de l’État, comment Libre Média finance-t-il ses activités ?
Nous avons 2,000 abonnés payants qui représentent la plus grande source de revenus de Libre Média. A cela s’ajoutent des revenus publicitaires et des dons. Dans l’avenir nous envisageons diversifier nos revenus avec l’organisation de conférences, d’évènements, l’édition de livres et la distribution d’articles promotionnels.
Cette année 2023 a été marquée par de profonds bouleversements du paysage médiatique en Amérique du Nord avec le rachat de Twitter par Elon Musk, les révélations des Twitter Files, ou encore les records d’audiences de Tucker Carlson et de Joe Rogan qui mettent à mal la crédibilité et le modèle économique des médias traditionnels. Comment voyez-vous évoluer le monde de l’information à moyen terme ?
La crise des grands médias continue, ce qui est dû non seulement à leur traitement de l'information durant la pandémie, mais aussi à leur modèle économique. Donc on assiste à une sorte d'Uberisation des médias avec une multitude de producteurs de contenus indépendants.
La multiplication des producteurs de contenus provoque une hyperfragmentation du marché et conduit à une forme de tribalisme médiatique où le public se nourrit de microlignes éditoriales
Entre les blogueurs indépendants et les grands médias, je pense qu’il y a un équilibre à trouver avec des structures intermédiaires complémentaires composées de petites équipes. Le travail en équipe permet par exemple de couvrir plus de sujets et d’éviter certains biais cognitifs.
La multiplication des producteurs de contenus provoque une hyperfragmentation du marché et conduit à une forme de tribalisme médiatique où le public se nourrit de microlignes éditoriales extrêmement précises qui sont la plupart du temps conformes à leurs opinions et croyances. Ce phénomène peut accentuer la polarisation de la société.
Dans un contexte international de resserrement du contrôle de l’information, comment se positionnent le Québec et le Canada par rapport à l’Europe ou les USA ?
Le Canada suit les tendances occidentales, mais en les accentuant. Cela s'explique par sa géographie et sa mentalité.
Le Canada est un laboratoire du progressisme appliqué de manière transversale et générale.
Le Canada est un laboratoire du progressisme appliqué de manière transversale et générale. Ce n’est pas juste la question du sanitarisme, mais aussi celle du transgenrisme. Le Canada est malheureusement à l'avant-garde de plusieurs mouvements liberticides portés par ce qu'on pourrait appeler la nouvelle gauche.
Comment envisagez-vous le développement de Libre Média au cours des prochains mois ?
Nous poursuivons sur notre lancée jusqu’à la fin de l’année avec nos articles, nos reportages, nos vidéos et nos grandes entrevues. Nous ferons le point début 2024 et nous adapterons notre stratégie en fonction de la situation dans un environnement qui évolue très vite et qui exige une grande souplesse.
Propos recueillis le 12 octobre 2023.
Le constat de la désinformation ou de la manipulation des media mainstream est a un stade de blocage. Le niveau d'éveil le plus élevé semble avoir été atteint du moins sans compter ceux qui sont éveillés dans le placard mais qui n'en sortiront probablement pas à moins d'y être obligés. Alors il faut compter sur l'usure, donc être patient. Libre Media ( et ses semblables ) est capitalement important mais le nerf de la guerre ( l'argent ) pourrait manquer. Je donnerais comme idée de ne pas limiter l'accès au contenu à ceux qui contribuent car cela frêne l'éveil.
La désinformation par les médias mainstream , entraînant la population à collaborer avec les gouvernements menteurs afin de réduire la population selon les directives de Davos , a précédé l'information scientifique sanitaire réaliste et honnête , au service de la population déjà malheureusement " confinée " dans un piège infernal ; la libération ne surviendra qu'après bien des combats nécessités par la lourde déclaration Macro -nique répétée : " Nous sommes en guerre " ; guerre fratricide autant que fraternelle ! Libre combat de part et d'autre ; comme normalement , c'est le meilleur qui gagne , ne doutons pas que la LIBERTE l'emportera une fois de plus sur le totalitarisme dégradant l'humanité .