VA VERS TOI - L'aventure intérieure qui rassemble
Entretien avec Xavie Jean-Bourgeault et Guillaume Tremblay
Xavie Jean-Bourgeault est la réalisatrice et Guillaume Tremblay le producteur du film documentaire "Va vers toi” sorti en salles au Québec fin novembre 2023. "Va vers toi” explore la richesse de la présence intérieure et ose parler des ombres qui nous habitent et qui peuvent être rencontrées et dépassées.
Comment est né le projet du film ?
Guillaume : Il est important de mentionner qu'avant le film "Va vers toi", il y avait eu une autre œuvre intitulée "L’Heureux Naufrage". Je ressentais une forte animosité envers mon héritage religieux, mais en même temps, je me rendais compte que j'avais perdu certaines choses en me détachant de cette structure religieuse. J'avais omis de faire la distinction entre la religion et la spiritualité dans ma propre vie. Ainsi est né le film, avec Xavie en tant que productrice et moi à la réalisation.
"L’Heureux Naufrage" a vu le jour en 2014 et a connu un beau succès. Le film nous a menés à voyager à travers le Québec et jusqu'en France, et a même été acquis par Radio-Canada. Mais le plus remarquable dans "L’Heureux Naufrage", c'est qu'il représentait une quête sincère, une tentative de me comprendre moi-même. C'était le commencement d'un processus où je n'avais encore rien de personnel à exprimer. Nous avons réalisé des interviews, tentant de verbaliser une expérience que je vivais et pour laquelle je n'avais pas encore trouvé les mots.
Xavie : Dix ans plus tard, une tournure inattendue s'est produite dans ma vie. Tout a débuté par une sorte de crise où je ne trouvais plus de goût à l'existence. Je ne détestais pas la vie, ni ne souhaitais la mort, mais il me semblait avoir perdu toute joie de vivre. Et ce n'était pas dû à un manque de quoi que ce soit ; j'avais tout ce qu'il fallait, mais l'élan vital m'échappait. En me plongeant dans les écrits de Spinoza, puis de Jung, je me suis rendu compte que j'étais prisonnière de mes pensées, de tout ce tumulte intérieur. Je me laissais entraîner par elles, vers le futur, vers le passé, constamment en proie à la réflexion. J'avais perdu la sensation de l'instant présent, or la joie réside essentiellement dans le présent. Ainsi, j'ai découvert la puissance du moment présent, et cela m'a fait un bien incroyable.
Nous partagions constamment nos réflexions. Guillaume, voyant la joie refleurir en moi, m'a suggéré de capturer ces instants de renaissance devant une caméra, dans le cadre d'un film, d'un documentaire sur la vie. Évidemment, j'ai accepté, sachant par expérience que le documentaire ouvre des portes que la réflexion personnelle ne peut pas franchir, nous donnant l'opportunité de rencontrer les auteurs que nous lisons et d'approfondir notre réflexion, de donner encore plus de légitimité à notre quête. C'est ainsi que tout a commencé. Nous nous disions toujours, au fond, que peu importe si cela ne débouchait pas sur un documentaire, notre désir de le faire était là. Et même si au final le résultat n'était pas concluant, cela n'avait pas d'importance, car c'était avant tout pour moi que je le faisais.
Ce processus m'a transformé alors même qu'il se déroulait. Il m'a façonné non seulement à travers les rencontres, mais aussi par les lectures, et ensuite par le montage. Car à écouter, réécouter, et encore réécouter, à travailler, à tenter de tisser des liens, à comprendre, tout cela m'a profondément changé.
Guillaume : Effectivement, les meilleurs films sont ceux qui émanent de ce que vous évoquez. Ils ne sont pas créés dans l'espoir de la célébrité, mais parce qu'ils émanent d'une passion qui nous anime et nous apportent du bien-être. À mes yeux, ce sont ces œuvres qui sont les plus remarquables. Xavie portait en elle cette étincelle créative qui commençait tout juste à se manifester. Il était essentiel de capturer ce processus, de saisir son parcours créatif d'une manière ou d'une autre.
Qui sont les intervenants du documentaire ?
Xavie : Nous avions interviewé un psychanalyste, Guy Corneau, qui est depuis décédé. Ce fut une étrange coïncidence...
Lors du tournage de "L’Heureux Naufrage" il y a dix ans, nous l'avions interrogé, mais ses propos n'avaient pas été largement utilisés dans le film, car ils ne correspondaient pas tout à fait à la direction que nous prenions à l'époque. Nous n'étions pas encore prêts dans notre propre vie à comprendre pleinement l'étendue de ce qu'il nous avait transmis. Et puis, lorsqu'on a entamé le montage du film, deux ans après sa disparition, nous avons repensé à Guy Corneau. En revisitant les archives, nous avons réalisé que tout ce qu'il nous avait dit correspondait parfaitement à "Va vers toi". Ses paroles sont devenues un précieux cadeau.
Guillaume : Nous avions étudié Jung, et nous nous souvenions que Guy Corneau nous avait parlé de lui. Le père Augustin était une figure importante pour Jung, et Corneau avait fait ses études à Zurich, en Suisse.
En revisitant ces entretiens, nous avons confirmé qu'il nous avait effectivement parlé de l'ombre – nous n'étions pas dans l'erreur. Les rêves, l'inconscient, les ombres, c'était de tout cela qu'il nous parlait. Et curieusement, alors que l'objectif initial du film était de parler de la présence plutôt que des ombres, il s'est avéré que tous nos intervenants nous indiquaient la nécessité de passer par ces ombres.
Ce n'était pas forcément ce que nous recherchions au départ, mais en écoutant toutes les interviews, nous avons compris qu'ils faisaient tous, à leur manière, référence à Jung. C'est à ce moment-là que nous avons fait le lien avec Guy Corneau, et que nous sommes retournés plonger dans ses entrevues. Voilà donc l'histoire liée à Guy Corneau.
Xavie : Nous avons toujours été passionnés par la philosophie. À chaque début de recherche, nous consultons nos philosophes préférés.
Nous avons lu Éric-Emmanuel Schmitt, Bertrand Vergely et parmi les Québécois, il y a, Jean Bédard, et nous avons aussi Cajetan Larochelle, un ami personnel qui nous éclaire souvent dans nos réflexions. En parallèle, plusieurs figures du milieu spirituel nous ont bien guidés. Nous avons été prévenus des pièges potentiels du développement personnel, ne souhaitant pas s'égarer.
Heureusement, nous avons été bien orientés. On nous a fait comprendre qu'il existait un marché avec des personnes essayant d'en vivre, parfois au détriment de l'authenticité. Grâce à nos connaissances, nous avons pu rencontrer Rémi Tremblay et Nicole Bordeleau, des personnes généralement peu accessibles.
Ils nous ont introduits à la culture autochtone, notamment à Dominique Rankin, un aîné autochtone. J'avais suivi en ligne le parcours Mikana, qui m'avait énormément enrichi et ouvert les yeux sur bien des aspects. Il était impératif d'inclure la voix autochtone dans un film sur l'intériorité. Grâce à ces contacts, nous avons réussi à l'intégrer.
C'est dans le contexte d'une belle synchronicité que, lors d'une promenade avec mon ami philosophe Cajetan Larochelle, je lui ai parlé de mon intuition selon laquelle dans le Nouveau Testament, les traductions pourraient avoir été orientées vers l'extérieur alors qu'elles auraient pu signifier l'intérieur. Sachant qu'il connaissait le grec, je lui ai demandé de vérifier. Il a fait mieux en me recommandant Annick de Souzenelle, une femme en France qui a consacré une partie de sa vie à l'étude de l'hébreu et de l'Ancien Testament.
Lorsque j'ai découvert son travail, cela a été un véritable éveil pour moi. J'ai été captivé par mes découvertes. Elle a même écrit un livre intitulé "Va vers toi", qui a inspiré le titre de notre œuvre. En hébreu, Dieu dit à Abraham non pas "Va vers le pays que je te montrerai", mais "Va vers toi". Cette nuance a profondément influencé l'Occident et sa quête extérieure.
À mesure que je poursuivais mes recherches, parfois en lisant trois livres à la fois et en écoutant des livres audio lors de mes promenades, j'ai lu en parallèle Éric-Emmanuel Schmitt. Dans son Odyssée, le personnage traverse l'histoire de l'humanité et rencontre Abraham, à qui Dieu dit également "Va vers toi". Dans la même semaine, deux auteurs m'ont donc présenté cette idée.
Je me demandais comment je n'avais jamais entendu parler de cette interprétation, d'autant plus que j'avais lu la Bible cinq fois, cherchant à approfondir ma compréhension. C'était une révélation pour moi.
Cette découverte m'a poussé à contacter immédiatement Annick de Souzenelle en France, ce qui s'est avéré relativement simple. Sentant l'urgence de la rencontrer, surtout qu'elle avait déjà 100 ans, je ne me suis pas trompé, car elle a eu un AVC trois mois plus tard. Nous avons passé deux jours précieux avec elle.
En parallèle, je tentais de joindre Éric-Emmanuel Schmitt. Après avoir envoyé des e-mails à toutes les adresses possibles, le neuvième e-mail a finalement porté ses fruits. Bien qu'il soit en pleine écriture, il a accepté de nous rencontrer à Paris la semaine suivante. Tout s'est aligné et nous avons pu l'interviewer également.
Guillaume : La beauté de ce film réside, à mon sens, dans la diversité des intervenants issus de différents horizons, de différentes croyances et parcours. Nous avons des scientifiques qui parlent du subconscient et de chemins neuronaux. Des Amérindiens qui nous enseignent qu'il faut nourrir le loup noir. Chacune de ces personnes apporte une perspective unique. Et cela ne nous dérange pas, car, pour moi, "Va vers toi" signifie que le chemin, lorsque tu te tournes vers l'intérieur de toi-même, est celui qui va te guider.
Les réponses, elles vont venir de toi. C'est ce qui est magnifique : il n'y a pas une direction unique à suivre. L'idée, c'est d'aller à la rencontre de soi, et ensuite, un monde entier s'ouvre à toi – un monde à découvrir qui est le tien, pas celui des autres. Notre héritage chrétien est évident dans le film, mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est le voyage intérieur, "aller vers toi".
Ce qui est également touchant, c'est que, personnellement, je n'avais pas envie de confronter certains aspects de moi-même. Mais à travers le film, les gens m'ont parlé directement.
Parce que dans la vie, j'ai de nombreuses peurs : la peur de perdre mon emploi, la peur de perdre des amis, la peur de perdre mon image. Et tous ces intervenants me rassuraient en me disant de ne pas avoir peur. Ce n'est pas ce que je cherchais initialement, mais c'est ce qui m'a été offert, et c'est exactement ce dont j'avais besoin d'entendre.
Comment se passe la diffusion du film ?
Xavie : Nous avons vendu environ 3 500 billets depuis la sortie du film il y a quatre mois, ce qui est assez étonnant. Chaque fois que nous allons dans une nouvelle région, nous sommes invités à y revenir et à chaque retour, il y a encore plus de monde. Cela montre que le film touche vraiment les gens. Et ce n'est pas seulement la fréquentation qui est remarquable, c'est aussi le fait que plus des trois quarts des gens dans les salles restent pour discuter après la projection. Cela devient un moment de communion et nous ressentons vraiment cette vibration partagée, c'est très spécial.
Nous avons organisé une quarantaine de projections au Québec. Avant même la sortie du film, une belle histoire de synchronicité s'est produite : une femme en Suisse l'a vu et nous a invités. Elle a organisé une distribution incroyable sur place, avec trois salles pleines, tout en prenant en charge la publicité pour faire connaître le film, car nous n'étions pas connus là-bas. Elle a payé pour des publicités radio sans rien nous demander en retour, c'était comme un cadeau qu'elle a offert au film. Nous avons été très touchés par cette générosité.
Et puis, lors de la première à Montréal, Miriam Eyr, une citoyenne québécoise d’origine marocaine, est venue me voir après la projection. Elle a exprimé son désir d'aider et de diffuser le film au Maroc. Depuis deux mois, elle contacte tout le monde et maintenant nous avons des confirmations. Nous allons faire cinq projections dans les hôtels Fairmont des grandes villes du Maroc en avril. En France également, il y a des gens qui s'efforcent de faire venir le film, ce qui est encore une surprise.
À la base, je faisais ce film pour moi, et maintenant je vois qu'il résonne avec les Québécois, ce qui me remplit de joie. Mais qu'il touche également des femmes marocaines, cela me dépasse un peu. On me dit, Xavie, c'est parce que ton message est universel, c'est humain. Et là, je me dis que c'est clairement quelque chose de plus grand que moi. Je me sens vraiment privilégiée que cela soit passé par moi, parce qu'à travers cela, je continue de me transformer, grâce aux rencontres que je fais. Je navigue dans le sillage de "Va vers toi" tous les jours.
Guillaume : La beauté réside dans le fait qu'un artiste crée une œuvre qui le fait vibrer. Et le cadeau le plus précieux, c'est quand un spectateur partage l'émotion que l'œuvre lui procure, ce qu'elle lui évoque personnellement. C'est notre récompense : avoir été touché par un film et voir d'autres personnes également émues par celui-ci, ressentir le bien que cela peut apporter. C'est tout simplement extraordinaire.
Notre public est souvent constitué de femmes de plus de 40 ans. Cela me rappelle une fois où j'ai assisté à une rencontre d'hommes menée par Dominique Rankin à Kinawatt, où il était beaucoup question de la contribution des femmes, de l'équilibre entre les énergies féminines et masculines, et de la profondeur que les femmes apportent. Cette présence féminine est flagrante lors de nos projections, où l'audience est majoritairement féminine.
Cela m'émeut de voir une femme porter ce message. Lors de notre événement avec Dominique Rankin, il a invité les femmes à se lever pour être honorées en reconnaissance de cela. Nous vivons dans une société qui valorise fortement les qualités masculines, axées sur l'extériorité. Bien que cela soit une force, elle doit être en équilibre avec l'énergie féminine. Il est magnifique de voir cet aspect féminin mis en avant.
Nous pensons que l'avenir réside dans l'approfondissement de cette énergie féminine en nous, car cela procure tant de bien.
Quels sont vos projets à venir ?
Xavie : Je n'aurais jamais imaginé qu'un tel film puisse émaner de moi, et pourtant, c'est en me tournant vers mon intérieur qu'il a vu le jour. Cela me remplit d'espoir. C'est ce que je partage avec tous : en vous orientant vers vous-même, vous ne pouvez prédire ce qui émergera. C'est dans cette création que réside l'espoir de l'humanité. Vous serez vous-même étonné de ce que vous pourrez découvrir.
Lors des projections, il y a souvent des spectateurs qui nous interpellent, suggérant que le film devrait être utilisé dans les écoles. À chaque fois, je réponds que peut-être l'un d'entre vous possède les talents nécessaires et se trouve à la position idéale pour transmettre ce message dans le milieu éducatif. Je renvoie la balle aux autres, car, quant à moi, je vais assurément poursuivre mon chemin, qui bouillonne actuellement de projets et d'idées. Je m'associe avec de merveilleuses personnes que je rencontre, et je découvre leurs dons. C'est magnifique, car nous nous voyons mutuellement et, ensemble, nous pouvons accomplir des choses extraordinaires. Tout comme notre rencontre à vous, elle est stimulante, car elle décuple nos capacités individuelles.
Dans les bonnes nouvelles à venir, l'association des philosophes du Québec va célébrer son 25e anniversaire en projetant "Va vers toi" au début de leur journée, suivi d'un débat entre philosophes. Cela me remplit de joie, car le film aborde l'idée que la philosophie au Québec a fait le choix de ne pas se tourner vers la connaissance de soi, privilégiant les débats. Et là, tu sais, j'ai le sentiment que lors de cette rencontre, Cajetan va prendre la parole et essayer de promouvoir un changement positif pour notre société. Imaginez si les philosophes, les psychologues et d'autres professionnels agissaient ainsi. De nombreux psychologues m'ont écrit pour me remercier, me dire que le film résumait parfaitement leurs pensées. Je n'en reviens pas.
Je n'ai jamais eu l'opportunité d'être suivie par un psychologue, bien que j'en ai toujours eu le désir. Maintenant, entendre que ma recherche est validée par des psychologues, qu'elle est juste, cela me fait un bien immense. Et puis, cela permet aux psychologues d'aller encore plus loin dans leur pratique. Si chaque domaine se mobilisait, si chacun se levait dans la présence et la conscience pour apporter le meilleur de ses connaissances au monde, ce serait magnifique.
Par ailleurs, je vais collaborer avec "La Solution est en Vous" pour créer un parcours "Va vers toi". "La Solution est en Vous" propose déjà de superbes parcours de développement personnel, comme le parcours Mikana avec les Autochtones. Nous allons donc lancer le parcours "Va vers toi", accessible tous les trois mois, soit quatre fois par an. Les gens peuvent s'inscrire en ligne et il y aura un approfondissement des thématiques chaque semaine, ce qui m'enthousiasme énormément.
Ensuite, il y a la France. Nous allons y faire des essais, ainsi qu'en Suisse, pour voir si nous pouvons nous permettre d'y organiser des projections, malgré le coût élevé des salles. Mais nous sentons qu'il y a aussi une réelle soif là-bas.
Guillaume : L'engagement politique m'a toujours passionné. Chez moi, dans la région du Lac-Saint-Jean, la politique était au cœur des discussions, avec ce désir ardent de faire du Québec un pays indépendant. Ces débats animés, bien que portés par de bonnes intentions, me semblaient souvent aboutir à des blessures mutuelles, plus qu'à une véritable compréhension. J'observais que malgré la noblesse de leurs aspirations, les gens se connaissaient mal, ce qui me laissait perplexe quant à la viabilité de leur projet.
Pour moi, il devenait évident que ce que nous recherchions devait d'abord se trouver à l'intérieur de nous-mêmes. C'est ainsi que m'est venue l'intuition de créer un parti Va vers toi". Ce concept, que j'ai proposé lors du lancement du film, a rapidement pris son envol, rassemblant déjà 350 membres. Nous avons même fait le pas de l'envoyer à Élection Québec. Cette initiative représente un effort pour introduire la démarche du "va vers toi" dans d’autres domaines de la société.
Xavie : Influencer dans le meilleur des cas, ou au moins éveiller la curiosité, voilà notre aspiration. Le message que nous portons est particulier. L'expression "va vers toi" nous a été si rarement suggérée, et pourtant, lorsqu'elle l'est, elle semble faire sens et résonner chez les gens. Elle n'est pas menaçante, elle est simplement porteuse d'espoir et de positivité.
Il est vrai que les médias actuels se montrent réticents, peut-être à cause de leur frilosité envers la spiritualité ou d'autres sujets sensibles. Ils hésitent à s'engager, malgré les nombreuses fois où nous avons frappé à leur porte. Ce n'est pas là que réside notre voix pour l'instant.
Néanmoins, nous constatons que le public répond présent. Les salles sont pleines, les gens sont heureux de se pencher sur ces questions. Nous envisageons alors d'emprunter la voie politique pour diffuser notre message, non pas à travers des slogans agressifs, mais plutôt avec des pancartes portant de belles citations, des invitations à se tourner "vers toi", vers l'intérieur.
Pourquoi pas, après tout ? Dans une société qui semble ne pas aller bien, en proie à des crises à chaque tournant, un message simple et clair peut être un baume. Il s'agit d'une tentative de toucher les gens là où ils sont, en leur offrant une lueur d'espoir et de réflexion personnelle.
Un dernier message pour les lecteurs ?
Xavie : Cela a toujours été ma conviction profonde : chercher en soi ce royaume intérieur, conformément aux paroles attribuées à Jésus, "cherchez d'abord le royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné en plus". Pour moi, cette idée résonne avec force car le royaume de Dieu, c'est en moi que je le trouve. En le cherchant à l'intérieur de moi-même, je constate que tout le reste suit naturellement. Les besoins sont pourvus et la vie s'organise harmonieusement.
Le terme "royaume" n'est certes pas courant dans notre vocabulaire contemporain, mais il évoque pour moi la notion de souveraineté personnelle. Je suis souveraine de ma propre vie. Si je ne m'aime pas, ne me protège pas, ne me respecte pas, comment puis-je attendre des autres qu'ils le fassent ? Je suis la reine de mon être, c'est à moi de m'aimer, de me protéger, de me respecter, de me valoriser, de me libérer, de me connaître, de me voir et de me légitimer. De reconnaître mes dons et de les offrir au monde.
Je crois que cela est vrai pour chacun de nous, mais notre souveraineté a été érodée au fil du temps par l'Église, la politique, par de nombreuses institutions qui semblent nous dire : "Tu as besoin de moi". On nous a fait douter de notre pouvoir personnel.
Mon message est simple : je souhaite que les gens prennent conscience de leur propre souveraineté. Ils sont les maîtres de leur vie, les architectes de leur destin. C'est à eux de régner sur leur existence.
Guillaume : Lorsque nous nous tournons vers nous-mêmes, certains y voient un acte d'égoïsme, mais tout dépend de l'intention derrière cette démarche. Si l'objectif est de progresser, d'évoluer, loin de nous cantonner à une simple auto-complaisance, alors ce voyage intérieur a un tout autre sens.
Je suis convaincu que le cheminement vers soi n'est pas un repli égoïste. Au contraire, plus je me connecte à mon essence, plus je suis à même d'établir une véritable connexion avec autrui. Les gens ressentent cette libération, ce qui, à son tour, les inspire. C'est une contagion positive ; nous nous influençons mutuellement pour trouver la paix.
Ce n'est donc pas un mouvement qui prône l'égoïsme, mais plutôt une quête de liberté personnelle qui contribue au bien collectif. "Va vers toi" n'est pas un appel à l'égoïsme, mais une incitation à libérer notre créativité, et une créativité humaine libérée promet d'être une force magnifique sur Terre.
Propos recueillis le 1.03.2024
Site internet du film "Va vers toi”
Une belle aventure intérieure et rayonnante.
Bonne chance à chaque heure qui arrive.