L’urgence de la contemplation
Il est minuit moins une à l’horloge de la grande faucheuse planétaire, mais l’orchestre continue à jouer alors pourquoi s’inquiéter ?
Depuis la naissance des civilisations, a-t-on jamais atteint un tel niveau de corruption des esprits et des cœurs ? Tous les jours, pour qui souhaite voir et entendre, de nouveaux scandales plus révoltants les uns que les autres sont mis au jour. La dépravation des “élites” n’a d’égale que l’inconscience coupable des peuples. Connectés en permanence à l’illusoire et ayant perdu toute forme de reliance signifiante à eux-mêmes, aux autres, à la nature et à plus grand qu’eux, les peuples, somnambules volontaires, semblent accepter un destin de bétail humain programmé par ceux qui ont perdu toute humanité.
Les crises multiples, réelles ou fabriquées, sont les instruments de la mise en œuvre systématique et globale d’une société de contrôle destinée à régir des populations de la conception à la mort. L’état d’urgence permet d’abolir les reliquats démocratiques par l’établissement de mesures d’exception sans date de péremption.
Les somnambules sont aussi amnésiques et le spectre de la guerre, civile ou mondiale, n’éveille dans les esprits abreuvés de propagande, que les images aseptisées de théâtres d’opérations lointains.
Cette réalité dystopique est en train de dépasser la fiction Orwellienne pour rejoindre les rives funestes des récits apocalyptiques.
Il est minuit moins une à l’horloge de la grande faucheuse planétaire, mais l’orchestre continue à jouer alors pourquoi s’inquiéter ?
Tout n’est pas perdu.
Chaque seconde de vie sur cette Terre est précieuse et nous offre la possibilité d’être pleinement vivant, conscient et libre.
Chaque moment est une opportunité d’en découvrir le caractère merveilleux et sacré.
Chaque souffle est un miracle qui nous relit au cosmos tout entier.
Chaque battement de cœur est une opportunité d’engager notre être entier dans un processus de transformation radicale par un acte héroïque à la mesure des circonstances.
Le temps n’est plus aux changements superficiels. Le moment est venu de plonger dans les profondeurs de notre être à la rencontre de l’Être.
S’il y a une urgence aujourd’hui, c’est celle de la contemplation. Non pas l’extase oisive des esprits romantiques, mais celle que décrit si bien Thomas Merton1 pour l’avoir vécue profondément :
"La contemplation est la plus haute expression de la vie intellectuelle et spirituelle de l'homme. C'est cette vie pleinement éveillée, pleinement active et pleinement consciente qui est éveillée au fond de notre être par une connaissance et un amour illuminés."
Entreprendre cette aventure, c’est aller à l’encontre de nos tendances naturelles et des injonctions de la société. C’est donc faire preuve de courage pour rechercher le silence et la solitude, l’humilité et le détachement.
"Pour devenir ce que nous devons être, nous devons nous détacher de ce que nous ne sommes pas." - Thomas Merton.
La vie contemplative n’est pas forcément celle de moines isolés, mais c’est une vie spirituelle engagée auprès des autres.
"La véritable contemplation est un acte de solidarité avec les autres, car elle ouvre notre cœur et nous pousse à aimer notre prochain avec une sincérité et une intensité accrues." - Thomas Merton
La contemplation est la voie exigeante, mais nécessaire à la transformation profonde de notre être de laquelle naîtra le véritable changement de paradigme.
Seule la force ascensionnelle d’une spiritualité intégrée et vécue propulsera l’Humanité hors de la trajectoire suicidaire dans laquelle elle est actuellement engagée.
Thomas Merton (1915-1968) était un moine trappiste, écrivain et poète américain. Citations tirées, entre autres, de "Nouveaux Sièges de la Contemplation" ("New Seeds of Contemplation").
Merci Alain pour ce magnifique texte. Il force à lui seul la réflexion. Il est un baume pour qui recherche réconfort et réponse. Merci de ton engagement envers l’autre…Guy
Merciiiii Alain 🙏 je partage totalement 🌹